Communiqué de presse
Fédération Internationale des Ligues de Droits de l'Homme
:
Tchétchénie /Commission des droits de l’Homme de l’ONU
Les victimes une fois de plus méprisées
Paris, le 16 avril 2003 - La Commission
des droits de l’Homme de l’ONU, en session depuis le 17 mars 2003, vient de rejeter le projet de résolution sur
la Tchétchénie par 21 voix contre, 15 voix pour et 17 abstentions (*).
La Fédération
internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) considère ce rejet comme une gifle supplémentaire aux
victimes des violations des droits de l’Homme perpétrées par les autorités russes en Tchétchénie, ainsi qu’aux
associations de défense des droits de l’homme qui les soutiennent.
En refusant de reconnaître
l’existence de ces violations, la communauté internationale vient une fois de plus de montrer une complaisance
plus que scandaleuse avec les autorités russes qui se livrent depuis le début du conflit à des violations graves
et systématiques des droits de l’Homme et du droit humanitaire contre la population civile tchétchène,
constitutives de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. L’ampleur de ces crimes vient d’ailleurs
d’être attestée par les autorités tchétchènes pro-russes dans un document officiel transmis fin mars aux plus
hautes autorités russes (Cf. Le Monde, 12 avril 2003).
La FIDH déplore notamment
l’attitude du Brésil, de l’Afrique du Sud, de l’Inde et de l’Ouganda, qui ont contribué à la négation de ces
violations. De même, la FIDH déplore l’attitude des Etats-Unis, qui ont décidé de ne pas co-parrainer la
résolution, refusant ainsi de rallier le plus grand nombre de voix possible en faveur du texte et d’apporter
ainsi un soutien explicite aux victimes et aux ONG.
Les tentatives des autorités
russes de persuader l’opinion publique du bien fondé de leur démarche en tant qu’ « opération anti-terroriste »,
semblent ainsi avoir porté leurs fruits.
La communauté des Etats semble également
avoir été sensible au discours des autorités russes sur la « normalisation » de la situation militaire et
politique en Tchétchénie, sur la base duquel a été organisé le référendum du 26 mars dernier.
Toutefois, comme l’ont démontré les témoignages d’une mission d’enquête mandatée par la FIDH
en mars dernier auxquels s’ajoutent ceux recueillis au quotidien par l’organisation russe Mémorial, de graves
violations des droits de l’Homme se poursuivent contre la population civile et ce en toute impunité (Cf.
Rapport de la FIDH, mars 2003 : Tchétchénie, La « normalisation » un discours de dupe – Le référendum du 23
mars 2003 : la mascarade (suite)). Lors de sa mission, la FIDH avait relevé une détérioration de la situation
depuis octobre 2002, dégradation attestée en février par le Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de
l’Europe et par l’Assemblée parlementaire de cette organisation.
La FIDH réitère son
appel à l’Assemblée générale de l’ONU à désigner une force internationale de protection des populations civiles
en Tchétchénie.
La FIDH demande aux instances compétentes de l’ONU d’adopter une
résolution portant création d’un tribunal pénal international ad hoc sur la Tchétchénie au titre du chapitre VII
« action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d’acte d’agression ».
(*) Voix pour : Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Canada, Chili, Costa Rica, Croatie, Etats-Unis
d’Amérique, France, Irlande, Mexique, Pologne, Royaume-Uni, Suède.
Voix contre : Afrique du Sud,
Algérie, Arménie, Brésil, Chine, Cuba, Fédération de Russie, Gabon, Inde, Libye, Ouganda, République
démocratique du Congo, Sri Lanka, Soudan, Swaziland, Syrie, Togo, Ukraine, Venezuela, Vietnam, Zimbabwe.
Abstentions : Arabie Saoudite, Argentine, Bahreïn, Burkina Faso, Cameroun, Corée du Sud, Guatemala, Japon,
Kenya, Malaisie, Pakistan, Paraguay, Pérou, Sénégal, Sierra Leone, Thaïlande, Uruguay
Contacts presse : FIDH - Genève : Antoine Madelin : 00 41 79 331 24 50.