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Les Levidow — Les dilemmes européens dans la recherche agricole

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L'agroécologie connaît trois dimensions interdépendantes, à savoir : une discipline scientifique, une pratique agricole et un mouvement sociopolitique.

Il s'agit ici de promouvoir les méthodes les plus écologiques pour produire de la nourriture dans le respect des matières premières et des ressources. Le modèle agro-industriel est l'objet de critiques, à l'instar de la recherche scientifique dominante et de « l'agriculture biologique » dite « élitiste ».
Et pourtant, les principes de l'agroécologie sont étroitement liés à ceux de l'agriculture biologique.

Or, contrairement à l'agroécologie, l'agriculture bio est, quant à elle, bien mentionnée/soutenue dans diverses politiques de l'UE : normes de produits, développement rural, agendas de recherche. Pour sa part, le concept d'agroécologie ne figure quasiment pas dans les rapports ou domaines de recherche.

Qu'en est-il alors de l'agroécologie dans l'agenda de recherche européen ? Comment peut-elle jouer un rôle plus important ?
J'ai occupé le poste de coordinateur du projet FP7 (CREPE) dans lequel la société civile a réalisé des études. Parmi elles, celle intitulée Knowledge-Based Bio-Economy (j'en ai ici quelques copies) qui a procédé à une analyse critique de l'agenda de recherche européen. Nous sommes arrivés au constat suivant :
Forte d'un budget de 3 milliards d'euros (comprenant la production agroalimentaire), la bioéconomie est vue au sens très large du terme dans l'UE. Et pourtant, en y regardant de plus près, force est de constater que les principaux thèmes à l'agenda sont les sciences humaines (Life Science) et les technologies connexes, ainsi que « l'alimentation fonctionnelle ». C'est la raison pour laquelle une meilleure définition de la bioéconomie et des sciences humaines a été donnée en 2005 (surtout du non-alimentaire). Et pourtant, la recherche agricole ne reste focalisée que sur les besoins de la société, tout particulièrement le besoin d'input en termes de connaissances spécifiques sur les pratiques agricoles à des fins de production alimentaire.

La bioéconomie demeure une « chose » concurrentielle dans le cadre de l'Agenda de Lisbonne et ambitionne de faire de l'Europe le marché le plus compétitif d'ici à 2010.
La science tente de redéfinir le concept de « récoltes » en « matières premières brutes renouvelables ».
Les plateformes technologiques européennes ont joué un rôle significatif sur ce plan.
L'agriculture est perçue comme l'or vert du XXIe siècle (biomasse).
Le projet FP7 est réalisé au profit des sciences humaines (200 millions d'euros). La recherche biotechnologique a donc glissé vers le « non-food ».
Fort heureusement, elle doit compter sur un solide opposant, qui a une vision contradictoire.

En 2008, l'IFOAM a lancé Technology Platform Organics (TP Organics), composé de représentants de l'ensemble du secteur (ONG, agriculture biologique, acteurs commerciaux dans la filière alimentaire, etc.).
L'agriculture biologique rapporte-t-elle trop peu ? Selon les dires de TP Organics, le problème de la productivité peut être résolu par une intensification des processus écofonctionnels et des méthodes agroécologiques.

L'agroécologie n'apparaît certes pas explicitement dans le schéma de réflexion, mais elle touche implicitement les mêmes thèmes de recherche que ceux avancés, à savoir : l'autonomisation des zones rurales, la recherche d'une intensification écofonctionnelle et l'alimentation à des fins de santé et de bien-être.

Le budget affecté à ce type de recherche avoisine à présent les 37 millions.
Le projet FP7 sera suivi par le programme Horizon2020 qui ambitionne d'y aborder l'agroécologie (et plus seulement la bioéconomie et les sciences humaines). Pour l'heure, seul le thème de « l'intensification écofonctionnelle » y figure.

Dilemmes
Comment pouvons-nous intégrer l'agroécologie, sans annihiler les caractéristiques propres à l'agriculture biologique ?
Comment pouvons-nous améliorer les connaissances relatives aux pratiques agroécologiques sans mettre sous pression les connaissances locales des agriculteurs ?
Comment pouvons-nous élargir de petites filières en touchant plus de consommateurs, sans mettre en péril les caractéristiques typiques du produit ?

BIOGRAPHIE
Les Levidow est Senior Research Fellow à l'Open University, Royaume-Uni, où il étudie les questions agroenvironnementales depuis la fin des années 1980. Il est de même rédacteur de la revue Science as Culture.
La controverse dans le domaine de la biotechnologie agricole a fait l'objet d'une étude de cas de longue haleine, en se focalisant sur l'Union européenne, les États-Unis et leurs différends commerciaux. Les projets de recherche comprennent 4 projets financés par la Commission européenne et deux par l'Economic and Social Research Council (ESRC) du Royaume-Uni. Ces recherches ont été résumées dans trois numéros spéciaux de revues ainsi que dans deux ouvrages cosignés : Governing the Transatlantic Conflict over Agricultural Biotechnology: Contending Coalitions, Trade Liberalisation and Standard Setting (Routledge, 2006); et GM Food on Trial: Testing European Democracy (Routledge, 2010).

Ces dernières années, ses recherches ont porté sur un plus large éventail de questions, par exemple, les autres réseaux agroalimentaires, les priorités en matière d'innovation agricole et les biocarburants. Financés par le 7e programme-cadre de la Commission européenne, deux projets ont impliqué des organisations de la société civile en tant que partenaires. De 2008 à 2010, il a ainsi coordonné le projet CREPE (Co-operative Research on Environmental Problems in Europe) tout en jouant le rôle de partenaire pour un second intitulé « Facilitating Alternative Agro-food Networks (FAAN) ». Le rapport du projet CREPE, « What Bioeconomy for Europe? » montre de quelle manière les priorités dans la R&D favorisent différents avenirs possibles. Il a travaillé avec les OSC et TP Organics dans l'optique de contribuer à influencer ces priorités. Pour plus de détails sur les projets et les publications, surfez sur http://dpp.open.ac.uk/people/levidow.htm

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